L'atelier
L’élégance et l’esthétisme peuvent s’envisager comme la capacité à renoncer à ce que l’on croyait indispensable.
Aujourd’hui, il paraît essentiel d’adopter une posture nouvelle et d’accompagner l’évolution des pratiques face aux enjeux contemporains de nos sociétés humaines. La beauté peut s’exprimer sans cruauté, même si certains aspects méritent encore d’être améliorés dans les années à venir. Mon travail s’inscrit dans cette réflexion, avec une attention portée à la conscience, à la compassion, au respect.
Les engagements
Pour des raisons écologiques et de convictions personnelles, j'utilise au maximum des produits recyclés (papiers, cartons...). Et surtout, je n'utilise aucun produit issu de l'exploitation animale, que ce soit le cuir, la colle de poisson, les nerfs, les poils de pinceaux... Ce sont des choix qui ajoutent des contraintes techniques aux contraintes techniques, mais ça fait partie intégrante de la quiétude à laquelle j'aspire, et j'y tiens beaucoup.
Un atelier responsable, sans aucun produit animal, qui créé, qui recycle et qui fait (per)durer.
L'artisane
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours utilisé mes mains, peut être plus que ma tête, pour essayer de comprendre les choses. Démonter, remonter, créer, innover... Comprendre les choses, c'était pour moi plus facile que de comprendre les gens. Mon père m'a raconté récemment que ma grand mère faisait déjà ça. Elle tentait de construire des luges en bois, ou de passer la télé en couleur à l'aide de filtres colorés. On dirait bien que l'expérimentation est une affaire de famille!
J'ai découvert la marqueterie de paille en voulant rester dans l'artisanat. J'ai travaillé une dizaine d'années avec un couteau de chef à la main, puis je l'ai posé, un peu contrainte et lassée... Une fois la paille préparée, elle offre des reflets chatoyants qui m'ont fascinée, presque émue. Le son qu'elle fait quand on la fend pour l'écraser. Son toucher soyeux... Traditionnellement, elle est plutôt utilisée sur des supports en bois, mais j'ai tout de suite voulu la faire sortir de son utilisation classique.
Au détour de mes essais, j'en suis venue à la reliure, au cartonnage, au travail du bois. Pour les mêmes raisons sensorielles, ça m'a tout de suite captivée. En quelques mois, mon lieu de vie est également devenu mon atelier; Colle, cisaille, massicot, presse, toiles de reliures, papiers, pailles... J'ai empli mon espace et mon cœur, et l'atelier n'a jamais cessé d'évoluer depuis.
Luzerne, c'est le fruit de mes recherches, de mon cheminement, de mon implication, et peut être un peu de mon héritage... avec au centre un noyau délicat qu'est l'amour du geste.
Bien à vous,
Lou